Des scientifiques du laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses ont participé à une étude sur l’efficacité de nanoparticules d’alginate chargées de colistine pour traiter des diarrhées chez les porcelets. Cette recherche, menée en collaboration avec des équipes de l’université de Lille (UMR Transfrontalière BioEcoAgro) et du CNRS (Institut d'électronique, de microélectronique et de nanotechnologie), a montré que cette nouvelle formulation, qui nécessite moins de colistine que le traitement classique, est autant voire plus efficace.
La colistine est un antibiotique fréquemment utilisé pour soigner les maladies provoquées par la bactérie Escherichia coli (E. coli). C’est notamment le cas de la colibacillose chez les porcelets. Cette maladie, fréquente après le sevrage, provoque des diarrhées. Problème : le recours important à la colistine peut entrainer l’apparition de bactéries résistantes. L’une des solutions explorées pour utiliser moins de colistine est son association avec des nanoparticules d’alginate, un polysaccharide. L’antibiotique est ainsi incorporé dans ces particules de taille nanométrique.
Dans le cadre du projet Sincolistin (Alternatives stratégiques pour réduire l'usage de la colistine dans les pratiques d'élevage de porc), financé par l’Agence nationale de la recherche, l’efficacité des nanoparticules a été testée sur des lots de huit porcelets présentant de la diarrhée ou de l’hyperthermie suite à une infection avec E. coli. Après le début du traitement, aucun des 96 prélèvements fécaux réalisés sur les porcs traités à l’aide des nanoparticules n’a révélé de signe de diarrhée. En comparaison, des symptômes diarrhéiques ont été observés pour trois des prélèvements réalisés chez les porcelets traités avec la colistine administrée de façon classique et neuf chez le groupe non traité. On peut donc conclure que la formulation colistine-nanoparticules d’alginate est au moins aussi efficace que le traitement classique, tout en utilisant une dose moindre de colistine. Par ailleurs, quelques jours après le traitement, la population d’E. coli fécale était majoritairement non résistante à la colistine.
« Comme la formulation de la colistine avec des nanoparticules d’alginate requiert moins de colistine que le traitement classique, iI y a moins d’antibiotique rejeté dans l’environnement suite au traitement et donc moins de risque que les bactéries développent une résistance. », conclut Isabelle Kempf, cheffe de l’unité Mycoplasmologie bactériologie et antibiorésistance, au laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses. Son unité a conduit l’étude sur les porcelets en collaboration avec le Service de production de porcs assainis et d’expérimentation du laboratoire. L’étude a été publiée dans la revue Veterinary Microbiology en mars dernier. Des études supplémentaires sont maintenant nécessaires pour confirmer, dans diverses conditions expérimentales ou de terrain l'efficacité thérapeutique et l’innocuité des nanoparticules d’alginate chargées de colistine contre la diarrhée post-sevrage des porcelets.