Pollution du trafic routier : des risques accrus pour les travailleurs exposés
27/11/2024
Expertise
4 min

Pollution du trafic routier : des risques accrus pour les travailleurs exposés

Classée cancérogène en 2012, la pollution atmosphérique a aussi des effets respiratoires et cardiovasculaires avérés. Chauffeurs, livreurs, éboueurs, balayeurs, agents de maintenance de la voirie : les travailleurs dont l’essentiel de l’activité a lieu sur ou à proximité des routes, à l’extérieur ou dans l’habitacle d’un véhicule, sont particulièrement concernés par la pollution due au trafic routier. L’Anses appelle les pouvoirs publics et les acteurs de la santé au travail à mieux prendre en compte la pollution environnementale en milieu professionnel afin de réduire les expositions et les risques.

La pollution atmosphérique, en particulier liée au trafic routier, représente une problématique de santé publique majeure. L’Anses souligne régulièrement la nécessité de renforcer l’ambition des politiques publiques pour améliorer la qualité de l’air.

De nombreuses activités professionnelles s’exercent sur les voies de circulation ou à proximité du trafic routier, à l’extérieur et/ou dans l’habitacle d’un véhicule. Les ministères chargés des transports et du travail ont saisi l’Anses pour évaluer leur exposition à la pollution issue du trafic routier et ses conséquences sur leur santé. 

Des travailleurs particulièrement exposés

Pour son expertise, l’Agence a ciblé les métiers impliquant la présence du travailleur sur ou à proximité des routes, à l’extérieur ou dans l’habitacle de leur véhicule, pendant l’essentiel de leur temps de travail. Trois circonstances d’exposition professionnelle à la pollution du trafic routier ont ainsi été définies :

  • Travail majoritairement en extérieur, sur les voies de circulation ou à proximité du trafic routier : les éboueurs, balayeurs, livreurs de plateformes, etc. 
  • Travail majoritairement dans l’habitacle d’un véhicule sur les voies de circulation : les conducteurs de véhicules de transport de passagers (bus, car, taxis ou VTC), les chauffeurs de poids lourds, les conducteurs de benne à ordures ménagères, etc.
  • Travail mixte alternant activités en extérieur et dans l’habitacle d’un véhicule : par exemple, les travailleurs des directions interdépartementales des routes (DIR) ou, plus largement, de l’exploitation et de la maintenance des voiries. 

Les résultats de l’expertise montrent que l’exposition de ces travailleurs aux polluants du trafic routier est plus élevée que celle de la population générale n’exerçant pas d’activités professionnelles sur les voies de circulation, tout particulièrement pour ceux travaillant majoritairement à l’intérieur des véhicules.

« L’Anses souligne que les activités professionnelles impliquant la présence dans un habitacle de véhicule circulant dans le flux du trafic induisent des surexpositions particulièrement élevées ».

Des risques sanitaires accrus pour ces travailleurs

L’expertise de l’Anses met clairement en évidence le fait que travailler en extérieur au bord des routes et/ou dans l’habitacle d’un véhicule sur la route présente un risque sanitaire supplémentaire par rapport à la population générale, en particulier pour trois polluants : dioxyde d’azote, particules fines et carbone suie. 
Ces trois polluants concentrent l’essentiel des risques sanitaires observés. L’expertise s’est basée sur les valeurs toxicologiques de référence récemment établies par l’Agence pour les particules fines et carbone suie

Mieux prendre en compte la pollution environnementale en santé au travail

L’Agence appelle les employeurs à mieux prendre en compte l’exposition des travailleurs à la pollution issue du trafic routier et à mettre en place des actions afin de réduire les expositions professionnelles, avec l’appui des services de prévention et de santé au travail. 
Pour mieux évaluer les risques sanitaires en appui à la mise en place des mesures de gestion, elle recommande également de réviser ou construire en priorité les valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) pour le dioxyde d’azote et les particules de l’air ambiant.

En savoir plus sur les valeurs sanitaires de référence élaborées par l’Anses

Élaborée par l’Anses avec l’appui du collectif d’experts scientifiques compétent, chaque valeur sanitaire de référence est spécifique d’une substance, d’une durée d’application, d’une voie d’exposition (orale, respiratoire, cutanée), de la population ciblée (population générale, population professionnelle).

Les VTR (valeur toxicologique de référence) établissent une relation entre une quantité de substance chimique et un effet néfaste ou une probabilité de survenue d’effet. Ces indicateurs toxicologiques sont construits pour protéger la population dans son ensemble, y compris les populations sensibles comme les enfants, les femmes enceintes mais aussi les personnes malades.

Les VGAI (valeur guide de qualité d’air intérieur) correspondent à la concentration d’une substance chimique dans l’air intérieur en dessous de laquelle aucun effet sanitaire, ou aucune nuisance, ne devrait être observé pour la population générale.

Les VLEP (valeur limite d’exposition professionnelle) correspondent à la concentration d’une substance chimique pouvant être respirée par les travailleurs pendant un temps déterminé, sans entraîner d’effets néfastes pour leur santé.