Les effets du plomb sur la santé associés à des plombémies inférieures à 100 µg/L
Dans un avis scientifique « Plomb dans l’alimentation » publié en avril 2010, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) faisait état d’effets neurotoxiques, sur le développement, cardiovasculaires et rénaux associés à des plombémies (1) inférieures à 100 µg/L, valeur de surveillance communément admise au niveau international. Cette valeur de 100µg/L est celle retenue par ailleurs pour la surveillance du dépistage et de la déclaration obligatoire des cas de saturnisme en France. Dans ce contexte, l’Anses avait été saisie le 26 juillet 2011 par les ministères en charge de la santé et de l’environnement d’une demande relative « aux effets du plomb sur la santé associés à des plombémies inférieures à 100 µg/L».
Le rapport de l’EFSA faisait notamment état d’effets neurotoxiques pour le développement, cardiovasculaires et rénaux, pour des plombémies antérieurement considérés comme faibles (plombémies inférieures à 100 µg/L).
Pour répondre à la demande des ministères, un collectif d’experts a été mis en place par l’Anses. Le groupe de travail ainsi constitué a analysé les données épidémiologiques décrivant des associations entre plombémies et divers effets sur la santé, sur la base des études sources, des méta-analyses, des analyses de données poolées publiées et des rapports d’expertise récents d’organismes internationaux (EFSA) ou nationaux (Santé Canada, National Toxicology Program).
L’avis rendu par le collectif d’experts conclut que les études montrant les effets du plomb sur la pression artérielle et sur la fonction rénale chez l’adulte et celles montrant des déficits au niveau du système nerveux central chez l’enfant constituent une base scientifique suffisamment robuste pour conclure à des effets néfastes du plomb à des plombémies inférieures à 100 µg/L. Ces conclusions sont en accord avec celles exprimées par les autres organismes internationaux ou nationaux ayant récemment évalué les effets du plomb.
Le résultat de ce travail montre que les effets les plus sensibles liés à une exposition chronique au plomb sont la toxicité rénale chez les adultes, et la neurotoxicité chez les jeunes enfants. Le collectif d’experts a estimé qu’une plombémie établie avec comme effet critique les effets rénaux chez l’adulte protégerait la population entière, y compris les enfants, contre l’ensemble des effets néfastes du plomb identifiés à ce jour.
L’étude de Navas-Acien et al. (2009) portant sur l’étude NHANES (USA) 1999–2006 a été choisie comme étude clé pour définir la toxicité rénale du plomb et établir des plombémies critiques(2). Sur cette base, une plombémie critique de 15 µg/L est associée à une augmentation de la prévalence de la maladie rénale chronique(3).
Par ailleurs, les études d’observation mettent en évidence au cours des dernières décennies une diminution des niveaux de concentrations en plomb dans l’eau de distribution publique et les denrées alimentaires, consécutives aux politiques publiques de gestion du risque sanitaire lié au plomb.
A l’issue de l’expertise l’Agence recommande :
- au regard des nouvelles données disponibles, de revoir l’ensemble des valeurs de référence s'appuyant sur la plombémie, y compris celles applicables en milieu de travail ;
- de poursuivre les efforts visant à limiter l’exposition de la population au plomb ;
- de poursuivre des études de biosurveillance afin de suivre les niveaux de plombémie pour l’ensemble de la population.
(1) Plombémie : mesure du taux de plomb par litre de sang