Laboratoire hydrologie Nancy
18/12/2024
Vie de l'agence
5 min

Laboratoire d’Hydrologie : 200 ans au service de la santé publique

Le laboratoire d’Hydrologie de Nancy de l’Anses fête ses 200 ans cette année. Il a dans son ADN les enjeux de la sécurité sanitaire des eaux, qui sous l’impact du dérèglement climatique et de nos changements de modes de vie, sont au cœur des préoccupations sociétales. Présentation du laboratoire avec Sophie Lardy-Fontan, sa directrice.

Dans quel contexte le Laboratoire d’Hydrologie de Nancy a-t-il été créé et comment a-t-il évolué ?

Sophie Lardy-Fontan : L’origine de notre laboratoire, qui remonte à 1824, fait suite à la création de l’Académie royale de médecine en 1820. L’ordonnance du roi créant l’Académie présente ainsi ses missions liées à l’eau : « répondre aux demandes du gouvernement sur tout ce qui intéresse la santé publique, et principalement sur […] les eaux minérales naturelles ou factices [Sic]. ». À ce titre, elle était en charge d’examiner les demandes d’autorisations en vue d’obtenir le droit d’exploiter des eaux minérales naturelles, notamment à usage thérapeutique. La nécessité de soumettre de façon régulière et uniforme les eaux à des analyses chimiques, qui était le seul critère objectif utilisable à cette époque pour vérifier leur conformité, a motivé l’Académie à nommer un chef de laboratoire des travaux chimiques.  

Au fil du temps, les missions du laboratoire ont évolué pour s’adapter aux enjeux, mais en gardant comme socle le contrôle et l’étude de la qualité sanitaire des eaux. Historiquement basé à Paris, le laboratoire s’est installé à Nancy en 2002, dans un écosystème académique favorable à son déploiement.

Quelles sont les missions actuelles du laboratoire ?

Notre laboratoire est un acteur reconnu des dispositifs sanitaires et de surveillance de l’eau. Il intervient sur la sécurité sanitaire de l’eau dans l’ensemble de ses usages : les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), les eaux minérales naturelles, les eaux de loisirs et les eaux usées. Par ses missions, il créé et maintien un cadre organisationnel et méthodologique permettant de produire des données de qualité robustes sur les contaminants biologiques et chimiques des eaux. Ces données sont au service des politiques de santé humaine et environnementale, y compris dans des contextes de gestion de crise. À titre d’exemple, notre laboratoire a fait partie des dispositifs mobilisés dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques 2024.

Ces missions se traduisent par des mandats de laboratoire national de référence qui nous sont confiés par les ministères. Notre laboratoire détient ainsi un mandat de référence national pour les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), les eaux minérales naturelles et les eaux de loisirs, tant pour les dangers chimiques que pour les agents microbiologiques. À ce titre, nous contribuons à améliorer les connaissances sur l’origine, l’occurrence et le devenir de contaminants chimiques et biologiques, dont certains émergents. Ceci se fait notamment au travers de campagnes nationales et d’études spécifiques, mais aussi à travers nos travaux de recherche sur ces contaminants. En parallèle nous animons le réseau national des laboratoires d’analyse agréés pour le contrôle sanitaire, afin de garantir leur bonne maitrise des méthodes d’analyse qu’ils utilisent. Nous nous impliquons dans l’élaboration et l’évolution de lignes directrices et de normes liées à l’eau.

Depuis 2021, de nouvelles missions nous ont été confiées, au travers d’un mandat de référence pour la surveillance du SARS-CoV-2 dans les eaux usées et les boues de stations d’épuration. Notre objectif a été de structurer un réseau de surveillance épidémiologique des eaux usées. Nous développons les méthodes pour détecter des pathogènes, initialement le virus SARS-COV-2 et maintenant d’autres agents pathogènes, et assurons leur transfert vers les laboratoires en charge de la surveillance des eaux.

Enfin, notre laboratoire fournit un appui technique et scientifique constant aux autorités à l’échelle nationale et régionale, notamment en cas de crise sanitaire.

Quelles sont les perspectives du laboratoire pour continuer à veiller à la qualité de l’eau à l’avenir ?

La sécurité de l'eau, d’un point de vue quantitatif comme qualitatif pourrait être remise en question à l'avenir, notamment par le dérèglement climatique ou le vieillissement des infrastructures. Il est essentiel d’être capable de surveiller les impacts de ces changements sur les ressources en eau, dans les divers écosystèmes et environnements socioculturels, ainsi que les effets sur la santé qui en découlent, afin d’élaborer des interventions efficaces. Dans ce contexte à la fois d’évolution rapide de l’environnement scientifique et sanitaire, de contraintes de ressources, et d’exigences sociétales toujours plus fortes, nous nous devons de conduire des activités de recherche et de référence de haut niveau, directement utiles à l'action publique en sécurité sanitaire et de manière encore plus précoce.