L’Anses propose de classer le résorcinol comme perturbateur endocrinien dans le règlement européen CLP
14/02/2025
Expertise
3 min

L’Anses propose de classer le résorcinol comme perturbateur endocrinien dans le règlement européen CLP

Après avoir démontré que le résorcinol impacte la fonction thyroïdienne, avec des effets délétères, l’agence porte une proposition pour classer cette substance comme perturbateur endocrinien pour la santé humaine. Cette proposition est rendue possible par la création récente dans le règlement CLP (classification, étiquetage et emballage) de cette classe de danger. Le dossier scientifique est en consultation publique depuis le 20 janvier sur le site de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) pour commentaires ou apport d’informations complémentaires sur cette substance.

Le résorcinol est une substance utilisée pour la fabrication de pneus, de produits dérivés du caoutchouc, de colles et de résines industrielles. Il est aussi employé dans certains cosmétiques et soins d’hygiène (colorations pour cheveux, mascara à usage professionnel), comme antioxydant pour des produits alimentaires comme les crevettes, ou encore comme antiseptique dans la composition de certains médicaments.

En 2020, le Comité des États Membres (MSC) de l’ECHA avait reconnu que cette substance remplissait la définition d’un perturbateur endocrinien, mais sans consensus pour identifier la substance comme très préoccupante au sens du règlement REACH. L’intégration récente de la perturbation endocrinienne dans le règlement CLP ouvre une nouvelle voie d’action : elle permet de proposer son classement comme perturbateur endocrinien pour la santé humaine et de reconnaitre réglementairement ses propriétés de danger.

Une classification renforcée pour protéger la santé humaine

Sur la base de ses travaux d’expertise, l’Agence propose une extension* de la classification harmonisée du résorcinol. Elle préconise (en sus des classifications actuelles) le classement suivant : Perturbateur endocrinien pour la santé humaine, catégorie 1 (EUH380, peut provoquer une perturbation endocrinienne chez l’être humain).

En conséquence de ce classement, le résorcinol devra faire l’objet de mentions d’avertissement, de mentions de danger et de conseils de prudence adéquats, conformément aux nouvelles règles du règlement CLP, pour que les travailleurs et les consommateurs bénéficient d’une identification et d’une communication claires sur la présence de ce danger. (Voir encadré ci-dessous)

La proposition de classification mise en consultation publique

La proposition de classification harmonisée pour le résorcinol a été mise en consultation publique sur site internet de l’ECHA   jusqu’au 21 mars 2025. Cette consultation vise à permettre à toutes les parties prenantes de commenter ces propositions, en apportant le cas échéant des arguments scientifiques complémentaires et des informations dont elles disposent. Les commentaires peuvent être transmis par l’intermédiaire d’un formulaire dédié sur le site de l’ECHA.

À la suite de cette étape de consultation, l’Anses répondra aux commentaires reçus. La proposition initiale, les commentaires et les réponses apportées par l’Anses feront l’objet d’une analyse du Comité d’évaluation des risques de l’ECHA, qui rendra ensuite son avis concernant l’actualisation de la classification du résorcinol.

Sur la base de cet avis, la Commission européenne pourra élaborer le cas échéant les textes réglementaires permettant d’inclure la classification retenue dans le règlement CLP.


*Le composé est actuellement classé :

- Toxicité aiguë (par voie orale), catégorie 4 (H302, nocif en cas d’ingestion); 
- Toxicité spécifique pour certains organes cibles – Exposition unique, catégorie 1 (H370, risque avéré d’effets graves pour le système nerveux) ; 
- Irritation cutanée, catégorie 2 (H315, provoque une irritation cutanée); 
- Irritation oculaire, catégorie 2 (H319, provoque une sévère irritation des yeux) ; 
- Sensibilisation cutanée, catégorie 1 (H317, peut provoquer une allergie cutanée) ; 
- Dangers pour le milieu aquatique – Danger aigu, catégorie 1 (H400, très toxique pour les organismes aquatiques).

Le règlement relatif à la classification, à l'étiquetage et à l'emballage (CLP)

Le règlement relatif à la classification, l’emballage et l’étiquetage des produits chimiques (CE n°1272/2008), dit règlement CLP, est une législation en vigueur dans l’Union européenne dont l’objectif est d’assurer la protection des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement vis-à-vis des substances chimiques. Il vise en particulier à identifier les dangers qu’une substance ou mélange de substances peut présenter du fait de ses propriétés physico-chimiques, de ses effets sur la santé et sur l’environnement.

Ce règlement définit comment doivent être classés, étiquetés et emballés ces substances et mélanges. Il a également des impacts sur d’autres réglementations européennes qui sont en capacité de traduire les caractéristiques de danger en exigences accrues, pouvant aller jusqu’à des décisions d’interdiction ou des obligations de substitution.

Une fois la substance ou le mélange classé au regard des dangers identifiés, un étiquetage approprié permet d’informer l’utilisateur sur ces dangers en s’appuyant sur des pictogrammes et des fiches de données de sécurité. Sa mise en œuvre relève de la compétence de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).