Les sciences sociales dans l’expertise

Les risques sanitaires sont souvent associés à des considérations sociales, économiques et politiques. L’expertise de l’Anses porte régulièrement sur des sujets à fortes controverses impliquant des incertitudes scientifiques mais aussi sociétales. Pour mieux comprendre et traiter les questions de sécurité sanitaire, l’Agence mobilise des compétences et des connaissances en sciences sociales dans la conduite de ses travaux. Elle a mis également en place un volet dédié à l’analyse socio-économique.

Pour évaluer les risques sanitaires, l’Anses mobilise de multiples compétences scientifiques dont les sciences sociales. Celles-ci peuvent apporter toute une palette de connaissances utiles à la compréhension, à la conduite et à la portée des processus d’expertise. L’objectif est de produire une évaluation des risques qui tienne compte des réalités sociétales et de leurs limites. Il s’agit d’inscrire l’activité à risque dans un contexte réel et des pratiques concrètes.

Les différents apports des sciences sociales à chaque étape d’une expertise

  • comprendre et construire avec les différents acteurs, les questions posées dans une saisine, les enjeux, objectifs et les résultats attendus pour la prise de décision ;
  • mieux documenter des conditions d’usage et des situations d’exposition ainsi que leurs multiples déterminants ;
  • appréhender la manière dont les différents acteurs perçoivent, définissent et gèrent le risque à leur niveau ;
  • amener les différents champs disciplinaires mobilisés à mieux expliciter les choix épistémologiques et constructions méthodologiques retenus susceptibles d’influer sur le résultat des travaux ;
  • éclairer les conséquences potentielles des mesures de gestion envisagées.

Les sciences sociales sont représentées dans de nombreux groupes d’experts et collectifs de travail de l’Agence. Les connaissances apportées par la sociologie, la science politique, l’économie, l’histoire, le droit, la philosophie, etc. constituent des atouts régulièrement mobilisés dans les réflexions et travaux de l’Agence.

Expertises

L’Anses fait intervenir les sciences sociales dans ses activités d’évaluation des risques. Pour cela, elle mobilise et coordonne des travaux d’experts de différentes disciplines en sciences sociales : sociologie, sciences politiques, économie, droit, psychologie, etc. Chaque année, ces experts contribuent à une quinzaine de groupes de travail.

Partenariats et projets de recherche

L’Agence met en place des collaborations avec des équipes académiques dans le domaine des sciences sociales via notamment la mise en place de conventions de recherche-développement. Les travaux menés portent sur des sujets directement rattachés à des saisines ou sur des problématiques transversales d’intérêt pour la conduite des activités scientifiques de l’Agence et son positionnement. Au travers de ces partenariats, il s’agit aussi de faciliter les interactions avec la communauté scientifique en sciences sociales. 

L’Anses finance également des projets de recherche en sciences sociales dans le cadre du Programme national de recherche Environnement SantéTravail (PNR EST) qu’elle pilote.

Événements scientifiques

L’Anses organise des événements scientifiques pour faire le point sur des connaissances en sciences sociales dans ses domaines d’intervention en matière de sécurité sanitaire.

Un colloque international sur la crédibilité de l’expertise scientifique et décision publique

Début 2021, l’Anses a organisé un colloque international sur le thème « Crédibilité de l’expertise scientifique et décision publique : nouveaux défis pour la gouvernance des risques sanitaires dans un monde qui change », en partenariat avec la Cité des sciences et de l’industrie de Paris et avec le soutien de l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques. En format digital, il a réuni près de 45 intervenants faisant autorité dans leur domaine.

Au travers de deux sessions plénières et de 10 ateliers thématiques, des chercheurs en sciences sociales européens et nord-américains ont pu partager leurs analyses sur les conditions de la confiance dans l’expertise et sur les questions qu’elles soulèvent aujourd’hui, et échanger avec des experts, parmi lesquels des représentants d’institutions sanitaires européennes et internationales. Une session Covid-19 a été consacrée à de premières analyses en lien avec la pandémie, avec notamment les résultats initiaux d’une étude des réponses apportées dans 16 pays dont la France, issue de la collaboration d’une soixantaine de chercheurs du monde entier.

Les ateliers thématiques ont permis de croiser les regards selon différents points d’entrée tels que le cadre théorique de l’évaluation des risques, le droit face à l’expertise scientifique, la communication du risque et les fake news, l’évaluation de l’intégrité scientifique, l’inclusion des sciences citoyennes ou encore les challenges propres à l’économie circulaire, aux perturbateurs endocriniens ou aux pesticides.