L’hépatite E
L’hépatite E est une maladie souvent asymptomatique. Cependant elle peut parfois engendrer de graves complications pouvant aller jusqu’à la mort (notamment chez les personnes sensibles telles que les personnes ayant une maladie du foie ou les femmes enceintes). L’Anses a été saisie dès 2009 afin d’évaluer le rôle de certains produits alimentaires dans la transmisson de cette maladie. Elle a rendu plusieurs avis et produits d'expertise en lien avec l'évaluation du risque lié au virus de l'hépatite E (VHE).
L’hépatite E est due à un virus qui se transmet par voie féco-orale, essentiellement présent dans les pays à faible niveau d’hygiène. Le VHE est également responsable cas sporadiques d’hépatites dans les pays industrialisés chez des personnes n’ayant jamais voyagé dans des pays où le virus circule activement.
En France, l’hépatite E fait l’objet d’une surveillance par le Centre national de référence (CNR) des virus des hépatites à transmission entériques. Depuis 2022, environ 3 000 cas symptomatiques ont été recensés, dont plus de 98 % de cas autochtones. Cette augmentation progressive du nombre de cas s’explique par une vigilance accrue des cliniciens et par l’utilisation d’algorithmes diagnostiques conformes aux recommandations nationales et internationales.
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2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | |
Nombre de cas certains ou probables |
Autochtones |
24 |
97 |
159 |
183 |
216 |
249 |
801 |
1848 |
1813 |
2118 |
2292 |
2219 | 2616 | 2551 | 2153 | 2295 | 2985 | 3115 |
Importés |
14 |
10 |
21 |
23 |
16 |
19 |
9 |
3 |
12 |
4 |
10 |
26 | 26 | 26 | 5 | 10 | 2 | 3 | |
Total |
38 |
107 |
180 |
206 |
232 |
268 |
810 |
1851 |
1825 |
2122 |
2302 |
2245 | 2642 | 2577 | 2158 | 2305 | 2987 | 3118 | |
Nombre de patients testés |
583 |
1012 |
1700 |
2150 |
2549 |
3429 |
17566 |
35416 |
44382 |
66000 |
76000 |
80000 | 90000 | 80000 | 90000 | 90000 | 93000 | 95000 | |
% cas positifs parmi les échantillons testés |
6,5 |
10,5 |
10,5 |
9,6 |
9,1 |
7,6 |
4,6 |
4,9 |
4,1 |
3,5 |
3, |
2,8 | 2,9 | 3,2 | 2,4 | 2,5 | 3,2 | 3,3 |
Principales données épidémiologiques (cas symptomatiques, données du CNR VHE) - Mise à jour : janvier 2025
Qu’est-ce que l’hépatite E ?
L’hépatite E est une maladie infectieuse due à un virus dont l’organe cible est le foie. La caractéristique essentielle de l’hépatite E est la fréquence élevée des formes asymptomatiques (> 70 %). Pour les formes symptomatiques, la maladie présente trois formes :
Hépatite E aiguë
Les formes symptomatiques d’hépatite E aiguë sont plus fréquentes chez l’adulte jeune (15-35 ans) dans les pays en développement et chez l’adulte de plus de 55 ans dans les pays industrialisés. Des formes sévères (hépatite fulminante) peuvent survenir en cas de maladie hépatique sous-jacente.
Hépatite E chronique
Les infections chroniques par le VHE, caractérisées par la persistance virale, induisent une atteinte inflammatoire chronique du foie. Elles concernent plus généralement toute personne dont le système immunitaire est déficient.
Manifestations extra-hépatiques
Des manifestations extra-hépatiques ont été observées au cours des infections aiguës ou chroniques par le VHE dans environ 15 % des cas. Parmi elles, des atteintes neurologiques et rénales (glomérulopathies) sont décrites.
Comment se transmet le virus de l'hépatite E ?
Le virus de l’hépatite E (VHE) qui infecte l’Homme appartient à l’espèce Paslahepevirus balayani. La transmission du virus se fait principalement par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. La contamination des eaux par des matières fécales humaines (absence de réseau d’assainissement des eaux usées ou traitement insuffisant de l’eau potable) ou de produits contaminés par une eau souillée (coquillages, légumes, fruits) sont à l’origine d’épidémies dans les pays à faible niveau d’hygiène.
Dans les pays industrialisés, les cas documentés rapportent une transmission associée à l’ingestion de produits contaminés issus d’un animal porteur du virus : par exemple, viande et abats de sanglier, de porc et de cerf consommés crus ou insuffisamment cuits. En France, ce sont essentiellement les produits à base de foie de porc cru, frais ou mi-sec, qui sont mis en cause (saucisses sèches et fraîches de foie, foie salé séché, pâtes à quenelles de foie, figatelli, etc.).
Par leur contact avec des animaux vivants ou leurs carcasses, certains professionnels sont plus exposés : vétérinaires, éleveurs de porcs, forestiers, chasseurs, personnes travaillant dans les abattoirs.
Enfin, la transmission peut exceptionnellement avoir lieu par transfusion de produits sanguins labiles dont la contribution dans la diffusion du virus chez l’Homme semble cependant limitée. La voie de transmission materno-fœtale a été documenté dans les pays en développement, mais n’a jamais été documentée pour les génotypes qui circulent dans les pays industrialisés. .
Les recommandations de l’Agence
Les travaux de l’Agence ont conduit à élaborer des recommandations spécifiques pour la prévention de l’hépatite E :
- se laver soigneusement les mains, avant la préparation et la prise des repas et après manipulation de foie de porc cru ;
- se laver soigneusement les mains à la sortie des toilettes, et après des soins aux personnes atteintes d’hépatite E. Les personnes qui présentent ou ont récemment présenté une hépatite doivent éviter de manipuler des aliments ;
- entretenir les surfaces et les ustensiles (grattage, lavage à l’eau chaude et au détergent) immédiatement après chaque utilisation, et en particulier après manipulation de foie de porc cru, de contact avec les animaux vivants, les carcasses ou les produits animaux ;
- cuire suffisamment les aliments : cuisson à cœur des aliments destinés à être consommés cuits (en particulier les produits à base de foie cru de suidés/cervidés). Tous les aliments contenant du foie de porc cru (figatelli, saucisses de foie de porc crues, fraîches ou sèches, quenelles de foie) sont des aliments à risque et ne doivent pas être consommés crus.
Ces recommandations doivent être tout particulièrement suivies pour les populations présentant une sensibilité particulière vis-à-vis de ce virus : les personnes sous traitement immunosuppresseur ou présentant une maladie hépatique sous-jacente et les femmes enceintes.
L’Anses rappelle que :
- l’étiquetage des produits contenant du foie cru de porc doit porter lisiblement la mention « à consommer cuit à cœur » ;
- l’eau utilisée dans la production des aliments que ce soit en tant qu'ingrédient, pour le contact direct avec les denrées ou pour le nettoyage des surfaces en contact avec elles, ne doit pas constituer une source de contamination ;
Par ailleurs, l’Agence recommande :
- de sensibiliser le personnel de cuisine ou toute personne amenée à manipuler des aliments, surtout si ces aliments sont destinés à être consommés crus ou peu cuits, au risque de transmission féco-orale et à la nécessaire mise en œuvre des bonnes pratiques d’hygiène ;
- les médecins et les personnes sensibles doivent être informés sur les risques liés à l’hépatite E et les moyens de prévention de cette maladie. Eventuellement, de faire réaliser un test sérologique, destiné à vérifier l’existence d’une immunité vis-à-vis du virus l’hépatite E chez ces personnes, et qui serait suivi, pour les personnes non immunisées, d’une mise en garde, par le praticien, sur la consommation crue des produits concernés ;
- pour les professionnels exposés (notamment les éleveurs de porcs, vétérinaires, techniciens ou en contact avec des carcasses ou des animaux vivants), il est nécessaire de se protéger en s'équipant de protections individuelles, de respecter les bonnes pratiques d’hygiène, et les mesures de stockage appropriées des déchets et cadavres d’animaux ;
Le rôle de l’Agence sur l'hépatite E
L’Anses participe et conduit sur le sujet des travaux de recherche et d’évaluation des risques dans les domaines suivants :
- prévalence du virus et évaluation quantitative du risque de transmission zoonotique ;
- dynamique du virus des élevages de porcs à l’environnement jusqu’aux coquillages ;
- impact des procédés de cuisson sur le devenir du virus ;
- développement de méthodes analytiques.
L’Anses a rendu plusieurs avis et produits d’expertise en lien avec l’évaluation du risque lié au virus de l’hépatite E :
- Fiche de description de danger biologique transmissible par les aliments relative au Virus de l’hépatite E (septembre 2024)
- Avis de l’Anses du 17 février 2013 relatif à la « Demande d’évaluation du risque lié à la contamination des produits de charcuterie à base de foie cru par le virus de l’hépatite E (VHE)» (PDF) ;
- Avis de l’Afssa du 30 avril 2009 relatif au risque de contamination humaine par le virus de l’hépatite E (VHE) après ingestion de figatelli (saucisses crues à base de foie de porc) (PDF) ;
- Avis de l’Afssa du 23 septembre 2009 relatif au virus de l’hépatite E : méthodes de détection, risques pour le consommateur et risques liés à l’environnement (PDF) ;
Crédit photo : Jean-Yves Sgro