Composites de carbone
Un matériau composite est formé de plusieurs composants comprenant un renfort (ici les fibres de carbone) et une matrice (généralement une résine thermoplastique ou thermodurcissable). L'utilisation des matériaux composites est très diversifiée. Saisie par la Confédération Générale du Travail (CGT), l’Agence a évalué les risques sanitaires liés à la fabrication et l'usinage de composites de carbone dans l’ensemble de secteurs utilisant ces matériaux et émet des recommandations pour améliorer la prévention des risques professionnels.
Par définition, un matériau composite est formé de plusieurs composants comprenant un renfort (ici les fibres de carbone) et une matrice (généralement une résine thermoplastique ou thermodurcissable). L'utilisation des matériaux composites est très diversifiée (articles de sport, navigation de plaisance, aéronautique, etc.) en raison de leurs caractéristiques mécaniques particulières et au gain de poids engendré par leur utilisation.
A titre d'illustration, la part des matériaux composites dans l'aéronautique atteignait en 2010 plus de 50% de la masse structurale des avions de Boeing et d'Airbus.
L'Agence a été saisie par la Confédération Générale du Travail (CGT) pour mener une évaluation des risques sanitaires liés à la fabrication et à l'usinage des composites de carbone. La CGT souhaitait ainsi contribuer à anticiper et maîtriser d'éventuels risques pour la santé des salariés suite au constat d'une utilisation massive de ces matériaux dans l'aéronautique.
La demande de la CGT a été jugée recevable par l'Agence, tant sur le plan administratif que scientifique. Cependant, au vu des questions posées, l'Agence a estimé nécessaire d'élargir le champ de l'étude aux autres secteurs industriels impliqués par ces matériaux (navigation, énergie / éolienne, BTP, fabrication d'articles de sport, etc.). Ce travail à donné lieu à la publication d’un avis et d’un rapport au printemps 2010.
Résultats et recommandations
D’après les conclusions de l’expertise collective menée par l’Agence, les risques associés à la fabrication et à l'usinage de ces matériaux portent essentiellement sur la toxicité potentielle des fibres de carbone lors d'expositions cutanées ou respiratoires. L'exposition par inhalation résulte de la possibilité de la fibre à se scinder en microfibrilles plus fines pouvant pénétrer profondément l'arbre bronchique lors de certaines opérations d'usinage. Le potentiel toxique à long terme des fibres de carbone inhalées étant en 2010 mal investigué, l’Agence a donc jugé nécessaire de développer des études visant à mieux caractériser l'exposition des travailleurs aux fibres de carbone, par le développement d'outils métrologiques adaptés. L'exposition cutanée quant à elle résulte du contact avec les constituants des matériaux composites, notamment les résines époxydiques. Elle est associée à des dermites irritatives et allergéniques, pathologies décrites fréquemment par le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P) pour les secteurs d'activité des filières exposant aux constituants des composites de carbone.
L'expertise réalisée par l’Agence a permis de dégager différents axes de progrès possibles pour la prévention des risques professionnels. Sur la base de ce constat, l'Agence a recommandé une démarche de prévention structurée auprès des travailleurs de la filière via la mise en place d’une métrologie adéquate pour la mesure des polluants identifiés, l’élaboration, en lien avec les acteurs pertinents, de recommandations en matière de suivi médical, l’encouragement des études et des recherches sur les dangers et les risques, notamment par la conduite d'études toxicologiques sur des échantillons représentatifs de l'exposition professionnelle, la réalisation d’une veille des risques émergents potentiellement associés à ces usages, en particulier lors de l'emploi de nanomatériaux dans les formulations (nanotubes de carbone par exemple).