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Des médicaments vétérinaires toxiques pour les rapaces et charognards

En mangeant des cadavres d’animaux non pris en charge par le service d’équarrissage et donc laissés dans la nature, les rapaces et autres animaux nécrophages peuvent accidentellement être exposés à des médicaments vétérinaires. Certains anti-inflammatoires et barbituriques sont particulièrement à risque. L’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) appelle les vétérinaires et les éleveurs à prendre toutes les précautions requises lorsque ces médicaments sont administrés à des animaux susceptibles d’être consommés par des animaux nécrophages après leur mort.

Les oiseaux de proie et les charognards peuvent être exposés aux médicaments vétérinaires, tout particulièrement lorsque des cadavres d’animaux traités – souvent des ruminants ou des équidés sont :

  • déposés dans des aires de nourrissage pour oiseaux nécrophages ;
  • laissés dans les champs parce que l’équarrissage n’est pas possible, ou quand la découverte du cadavre est tardive. Cela peut être le cas pour certains types d’élevages pratiqués sur de très grandes surfaces de pâturages, ou en zone de montagne lorsque les parcelles sont difficilement accessibles.

La flunixine, le carprofène et le kétoprofène, des anti-inflammatoires toxiques pour les oiseaux

Plusieurs décès de vautours ont été enregistrés en Italie suite à l’ingestion de viande contaminée avec de la flunixine, un anti-inflammatoire présent dans plusieurs médicaments vétérinaires autorisés partout en Europe. Des publications scientifiques ont également confirmé la toxicité de ce principe actif pour les vautours sauvages. Dans ce contexte, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a conclu à la nécessité d’ajouter des précautions d’emploi aux notices de l’ensemble des médicaments à base de flunixine méglumine. Si jamais l’animal traité présente un fort risque de mortalité avant la fin du délai d’élimination du médicament, et que le ramassage du cadavre par l’équarrissage n’est pas envisageable, l’ANMV recommande aux vétérinaires d’éviter de prescrire des médicaments à base de flunixine.

Cette recommandation a été étendue au carprofène et au kétoprofène, quelques publications évoquant également une toxicité possible de ces principes actifs pour les vautours. L’ANMV conseille de privilégier des anti-inflammatoires moins toxiques pour les oiseaux sauvages, comme le méloxicam.

Le pentobarbital, un barbiturique très persistant

Des cas d’intoxication d’oiseaux sauvages - vautour fauve, milan royal, cigogne blanche, gypaète barbu… - enregistrés par la pharmacovigilance européenne ont été attribués à la consommation probable de carcasses d’animaux euthanasiés avec du pentobarbital.

De nouvelles données de pharmacovigilance ont conduit l’ANMV à communiquer auprès des vétérinaires, des éleveurs et des propriétaires d’animaux sur les risques d’intoxication secondaire lorsque les carcasses d’animaux euthanasiés avec du pentobarbital ne sont pas rapidement enlevées. Un risque accentué par la stabilité de cette molécule, qui peut persister plusieurs mois dans les tissus des animaux euthanasiés.

Les animaux domestiques également concernés

Les oiseaux sauvages ne sont pas les seuls concernés par ces intoxications accidentelles. Plusieurs cas d’intoxications secondaires ont également été rapportés chez des chiens de ferme ayant ingéré des morceaux de carcasses ou du sang issu d’animaux euthanasiés, et font état de symptômes neurologiques pouvant aller jusqu’au coma et au décès.

Comment ces risques sont pris en compte dans l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament vétérinaire ?

Lors de l’évaluation qui va déterminer cette autorisation, l’analyse de la balance bénéfice/risque prend en compte l’innocuité du médicament pour l’animal traité, l’utilisateur, le consommateur des éventuelles denrées issues de cet animal, ainsi que pour l’environnement.

Pour certains médicaments, un risque pour la faune sauvage peut être identifié. Il fait alors l’objet de mesures spécifiques, comme l‘ajout de précautions d’emploi dans la notice du médicament. Ces précautions d’emploi s’enrichissent au fur et à mesure des données collectées dans le cadre de la pharmacovigilance vétérinaire.