Vaccins vétérinaires : le point sur leur évaluation et leur autorisation
Les vaccins vétérinaires permettent de protéger les animaux individuellement et collectivement vis-à-vis des maladies causées par des agents pathogènes viraux, bactériens ou parasitaires et de prévenir le risque de transmission à l’être humain lorsqu’il s’agit d’une zoonose. Leur autorisation par l’Agence nationale du médicament vétérinaire est soumise à des exigences aussi strictes que pour les vaccins humains. Elle tient compte de critères de qualité, d’efficacité et de sécurité, tant pour les animaux que pour les utilisateurs et les consommateurs de denrées animales.
Pourquoi vaccine-t-on contre les maladies animales ?
La vaccination de manière générale contribue à :
- Réduire le risque de transmission au sein de l’espèce et à d’autres espèces, y compris l’être humain, et donc le risque de pandémie.
- Limiter les souffrances animales causées par la maladie, qui entraîne une mortalité élevée dans les élevages.
- Protéger l’économie agricole et les approvisionnements alimentaires suffisants en évitant les pertes massives liées à la maladie chez les animaux de rente.
Quelles sont les typologies de vaccins disponibles ?
Il existe trois technologies vaccinales, principales :
- les vaccins vivants atténués : ils contiennent une version affaiblie de l’agent pathogène qui se multiplie au sein de l’organisme receveur mais a perdu son caractère pathogène ;
- les vaccins inactivés : l’agent pathogène utilisé est totalement inactivé, il ne se reproduit plus ce qui empêche toute pathogénicité ;
- les vaccins issus de plateformes technologiques : ils utilisent un fragment de matériel génétique ou une protéine spécifique de l’agent pathogène, au lieu de l’intégralité du matériel génétique de celui-ci, contrairement aux vaccins traditionnels. Les vaccins à ARNm font partie de cette catégorie.
À noter, la catégorie des autovaccins répondent à une législation spécifique car ils ne peuvent être préparés qu’à partir d’un agent pathogène isolé dans un élevage donné pour une utilisation dans ce même élevage.
Que sont les vaccins basés sur des plateformes technologiques et quels sont leurs avantages ?
La notion de plateforme vaccinale correspond à une méthodologie standardisée qui fait toujours appel aux mêmes composants de base pour produire le vaccin en quantité industrielle. Celle-ci peut être rapidement adaptée pour être efficace contre des agents pathogènes différents, par insertion de nouvelles séquences génétiques ou protéiques.
Par exemple, une plateforme technologique courante consiste à utiliser un virus qui se reproduit facilement mais est non pathogène pour les espèces pour lesquelles des vaccins sont couramment développés, afin de produire en masse la protéine qui constituera le vaccin une fois purifiée. C’est le cas par exemple des baculovirus, qui sont des virus affectant uniquement les invertébrés.
Les vaccins à ARNm auto-réplicatifs constituent une autre de ces plateformes technologiques. Le vaccin est constitué d’un fragment incomplet de l’ARN de l’agent pathogène associé à un dispositif lui permettant d’entrer dans les cellules.
Ces technologies présentent plusieurs avantages car elles permettent de :
- Répondre plus rapidement aux menaces émergentes en adaptant le fragment de matériel génétique qui déclenche l’immunité chez l’hôte.
- Développer des techniques de diagnostic permettant de différencier les animaux vaccinés des animaux non vaccinés, ce qui est déterminant dans la lutte contre les épizooties. Ceci est possible avec les vaccins basés sur des plateformes technologiques car les animaux vaccinés développent des anticorps uniquement contre la protéine codée par l’ARN utilisé dans le vaccin. Il est donc possible de savoir si les animaux ont été infectés en testant leur réaction à d’autres protéines de l’agent pathogène. Cela évite notamment que des virus pathogènes se multiplient à bas bruit sans qu’il soit possible de les détecter par la présence des symptômes chez les animaux.
Comment les vaccins vétérinaires sont-ils évalués ?
Les vaccins vétérinaires sont soumis à des exigences aussi strictes que les vaccins humains. Ils sont évalués selon trois critères principaux :
- Qualité : garantir que le vaccin est fabriqué dans des conditions standardisées, reproductibles et optimales ;
- Sécurité : s’assurer que le vaccin ne présente aucun risque pour les animaux qui reçoivent le vaccin ou les humains qui consomment les animaux vaccinés ou leurs produits (lait, œufs…) ;
- Efficacité : vérifier qu’il protège efficacement contre la maladie.
Les vaccins destinés aux espèces de rente présentent la particularité d’être utilisés sur des animaux dont les produits (lait, œufs, viande, abats, etc.) sont consommés par l’être humain. Une étape supplémentaire à l’évaluation est ajoutée via une évaluation minutieuse pour garantir l’innocuité du vaccin pour les personnes consommant ces produits. Cela signifie que chaque composant du vaccin, qu’il s’agisse du principe actif ou des éventuels adjuvants et excipients, est soigneusement vérifié pour s’assurer qu’il ne présente aucun risque lorsqu’un produit animal est consommé.
Que sont les autorisations temporaires d’utilisation et pourquoi y a-t-on recours ?
En cas d’urgence sanitaire et en attente d’une autorisation de mise sur le marché en bonne et due forme, certains vaccins peuvent faire l’objet d’une autorisation temporaire d’utilisation. Le niveau d’exigence en matière de sécurité et d’innocuité de ces vaccins reste tout aussi élevé, tant pour l’animal vacciné que pour le consommateur. En revanche, les preuves relatives à l’efficacité peuvent être obtenues sur la base d’études incluant moins d’animaux que pour une AMM traditionnelle.
Comment la sécurité des vaccins vétérinaires pour les consommateurs est-elle évaluée ?
De manière générale, l’évaluation de l’innocuité des vaccins, via les produits animaux comprend l’évaluation de la sécurité :
- Des adjuvants et excipients, en vérifiant qu’ils appartiennent à des listes de substances reconnues sûres pour l’être humain ;
- Des principes actifs (agent pathogène, portion de matériel génétique ou protéine immunogène issue de l’agent pathogène) en se focalisant sur les spécificités liées à la typologie de vaccins concernés, détaillées dans la partie qualité et innocuité du dossier d’autorisation.
Quelques spécificités liées aux différents types de vaccins :
- Vaccins atténués et inactivés : l’évaluation permet de prendre en compte et vérifier notamment le fait que l’atténuation ou l’inactivation de l’agent pathogène a permis d’obtenir un vaccin stable qui ne présente aucune possibilité de redonner un germe virulent, pour les espèces animales à qui le vaccin est destiné.
- Vaccins à plateforme technologique de type viral : l’évaluation permet de prendre en compte et vérifier notamment l’absence de pathogénicité pour l’animal ou l’être humain de l’agent pathogène utilisé comme vecteur et la qualité de la filtration permettant de garantir l’absence de virus vecteur dans le vaccin.
- Vaccins à ARNm : l’évaluation prend en compte et vérifie au travers du dossier fourni que :
- L’ARNm étant seulement un fragment de matériel génétique, il ne peut en aucun cas redevenir un virus complet ;
- L’ARNm est par nature instable et se dégrade rapidement (c’est la raison pour laquelle les vaccins à base d’ARNm sont généralement transportés et conservés dans des conditions de froid extrême) ;
- L’ARNm ne pénètre pas dans le noyau des cellules, ce qui signifie qu’il ne peut pas interagir avec l’ADN des animaux ou des humains ou s’insérer dans leur génome ;
- Lorsqu’un produit issu d’un animal vacciné est consommé, l’ARNm résiduel éventuel est détruit dans l’estomac par les enzymes digestives et les conditions acides ;
Par ailleurs, l’ARN, composé de base des cellules animales et végétales est un constituant de base de notre alimentation.
Au-delà de l’autorisation initiale, les firmes pharmaceutiques font l’objet d’inspections régulières par l’Agence nationale du médicament vétérinaire, afin de s’assurer que les vaccins sont fabriqués conformément au dossier et aux normes de bonnes pratiques de fabrication des médicaments vétérinaires.