Régimes végétariens : effets sur la santé et repères alimentaires
12/03/2025
Expertise
4 min

Régimes végétariens : effets sur la santé et repères alimentaires

L’Anses publie deux expertises sur les régimes végétariens. Dans la première, elle a étudié les bénéfices et risques pour la santé associés aux régimes végétariens. Pour cela, elle a réalisé une revue systématique des études épidémiologiques. Dans la seconde, elle a proposé des repères alimentaires spécifiques pour les personnes qui suivent un régime végétarien ou qui souhaiteraient l’adopter. L’objectif est de leur permettre d’optimiser leurs apports nutritionnels en tenant compte de leurs habitudes alimentaires et en limitant leur exposition aux contaminants.

L’Anses est chargée d’élaborer les repères alimentaires pour la population française. Ces repères sont les fondements scientifiques sur lesquels s’appuient les politiques et recommandations de santé publique en matière d’alimentation dans le cadre du Programme national nutrition santé. Elle a déjà formulé de tels repères pour la population générale adulte et pour des populations spécifiques comme les enfants et les personnes âgées ou encore les femmes enceintes.

Dans la continuité de ces travaux, et pour tenir compte de l’évolution des habitudes alimentaires, l’Anses a souhaité mener une expertise spécifiquement destinée aux adultes suivant un régime végétarien. Le terme « végétarien » désigne des régimes alimentaires excluant la consommation de toute chair animale (viandes, poissons, mollusques, crustacés, etc.). Il englobe les lacto-ovovégétariens, qui consomment des œufs et des produits laitiers, et les végétaliens qui excluent tous les aliments d’origine animale.

Ces nouveaux repères alimentaires destinés aux personnes suivant un régime végétarien ont pour objectif de les aider à couvrir leurs besoins nutritionnels tout en réduisant le risque de maladies chroniques et l’exposition aux contaminants.

Effets des régimes végétariens sur la santé

La première expertise visait à identifier des liens épidémiologiques entre différents types de régimes végétariens et la santé, au moyen d’une revue systématique des publications scientifiques. Bien que le niveau de preuve soit modéré, cette revue a montré que le régime végétarien est associé à un risque plus faible de développer un diabète de type 2, comparé à un régime non végétarien.

L’Anses a également observé, mais avec un niveau de preuves faible, que les végétariens comparés aux non végétariens ont un risque plus faible de développer certaines pathologies : cardiopathies ischémiques, troubles ovulatoires, certains cancers (prostate, estomac, sang) et certaines maladies ophtalmologiques et gastro-intestinales. En revanche, ils présentent un risque plus élevé de fractures osseuses et d’hypospadias (malformation congénitale de l’urètre), également avec un poids des preuves faible.

Les études épidémiologiques montrent enfin que les végétariens ont un statut nutritionnel en fer, iode, vitamines B12 et D et un équilibre phosphocalcique moins favorables que les non végétariens. De plus, on observe également pour les végétaliens un statut nutritionnel moins favorable en vitamine B2.

Des repères alimentaires pour ajuster l’alimentation des végétariens

Dans une seconde expertise, l’Anses a élaboré des repères alimentaires pour permettre aux végétariens de mieux couvrir leurs besoins nutritionnels tout en restant proche de leurs pratiques de consommation. Comme pour la population générale, elle a utilisé un outil d’optimisation combinant les données de consommation, les références nutritionnelles et les données de contamination des aliments.

Ce travail d’optimisation montre la difficulté à couvrir les besoins nutritionnels en certains acides gras oméga-3 (EPA, DHA) et vitamine D pour les végétariens en général, à laquelle s’ajoute, pour les végétaliens, la difficulté à couvrir les besoins nutritionnels en vitamine B12 et en zinc chez les hommes. Ces résultats pourront alimenter les travaux européens en cours sur les mesures de gestion relatives aux compléments alimentaires et à l’enrichissement des aliments.

Plus généralement, la présence de contaminants dans les aliments est un enjeu majeur qui concerne toutes les populations quel que soit leur régime alimentaire. L’Anses rappelle la nécessité de la réduction d’émission de contaminants d’origine anthropique afin de réduire l’exposition aux substances les plus persistantes dans l’environnement, notamment les métaux.

Principaux repères alimentaires pour les végétariens adultes

Un repère alimentaire correspond à la quantité d’un aliment ou d’un groupe d’aliments, en grammes ou millilitres, qu’il convient de consommer chaque jour.

  • Fruits et légumes : 700 g/j
  • Légumes secs 75 g/j (lacto-ovovégétariens) ou 120 g/j (végétaliens)
  • Féculents et pains : 170 g/j dont au moins 120 g/j complets ou source de fibres (lacto-ovovégétariens) - /250 g/j dont au moins 120 g/j complets ou source de fibres (végétaliens)
  • Oléagineux : 65 g/j (lacto-ovovégétariens) ou 50 g/j (végétaliens)
  • Analogues de produits laitiers frais : 350 g/j (lacto-ovovégétariens) ou 270 g/j (végétaliens)
  • Levure de bière : 10 g/j (lacto-ovovégétariens) ou 15 g/j (végétaliens)
  • Lait 450 ml/j, œufs 30 g/j, fromage 50 g/j (lacto-ovovégétariens)