L'Anses, 10 ans d'action pour mieux connaître les risques sanitaires liés aux activités professionnelles
L’Anses a récemment publié son rapport d’activité 2019 : "L'Anses en action". A l’occasion de son dixième anniversaire qui avait lieu le 1er juillet 2020, ce rapport d'activité était l'opportunité de revenir sur les travaux ayant marqué ses premières années d’existence. Tout au long de l'année 2020, les lecteurs peuvent ainsi (re)découvrir certains de ses sujets emblématiques. Notre tour d'horizon se poursuit avec les risques sanitaires - spécifiques et multiples - liés aux activités professionnelles.
Le quotidien, c’est aussi le travail, avec des risques sanitaires spécifiques et multiples : expositions aux pathogènes, aux produits chimiques, aux ondes, au bruit, impact du travail de nuit et des nouvelles technologies. Prévenir ces risques est une priorité de santé publique pour laquelle l’Anses joue un rôle majeur, en travaillant avec les acteurs de terrain afin de fournir des repères scientifiques aux actions de prévention en fonction des secteurs d’activité.
« L’enjeu central, c’est de caractériser précisément les expositions réelles des professionnels. Pour agir, il faut une connaissance fine des risques sanitaires spécifiques à chaque activité »
Quels sont les risques liés au travail ?
Non seulement ces risques sont multiples mais leurs effets sur la santé peuvent aussi bien relever de l’accident ponctuel que de la pathologie chronique. Dans de nombreux secteurs, on observe des situations de poly-exposition qui complexifient encore l’évaluation des risques et la mise en place d’actions de prévention adaptées. C’est pourquoi il est important de bien connaître l’activité réelle du travailleur et ses conditions de réalisation afin d’être en mesure de caractériser le plus finement possible ses expositions.
Quelle est la mission de l’Anses sur ce volet santé travail ?
Nos travaux permettent aux entreprises, aux acteurs de la prévention et aux autorités de mieux protéger les travailleurs, en anticipant en particulier les risques émergents. Nous jouons un rôle de vigie et d’aiguillon pour acquérir des données sur les dangers et les expositions, avec l’aide de la veille continue du Réseau national de vigilance et de prévention des maladies professionnelles, le RNV3P. Nous finançons également la recherche et, au fil du temps, le Programme national de recherche environnement santé travail a permis la structuration d’équipes scientifiques sur la thématique de la santé au travail.
L’Anses remplit aussi des missions d’expertise très spécifiques pour le ministère du travail. Par exemple, c’est elle qui fournit les recommandations pour fixer les valeurs limites d’exposition professionnelles. L’Anses est aussi chargée, depuis 2019, de l’expertise scientifique préalable à la création ou l’évolution des tableaux de maladies professionnelles ou l’élaboration de recommandations aux Comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles. L’Agence examine actuellement l’expertise du lien entre le cancer de la prostate et les expositions aux pesticides et en particulier la chlordécone, en appui à la création éventuelle d’un tableau.
Sur quelles questions vous penchez-vous ?
L’Agence répond aux demandes des ministères, des syndicats et des organisations patronales qui font partie de son conseil d’administration. Elle peut aussi s’autosaisir de certaines questions. Nous nous penchons notamment sur les débats ou des questions liées aux nouvelles techniques ou aux nouveaux métiers. Nous nous intéressons à tous les risques professionnels et à tous les travailleurs, de l’égoutier au commerçant, en passant par le livreur auto-entrepreneur et les travailleurs du ferroviaire souterrain. Nous avons ainsi évalué les expositions professionnelles à des agents chimiques comme l’éthanol et ses composés, ou comme le formaldéhyde, utilisé dans de multiples secteurs, ou à des agents physiques comme les champs électromagnétiques ou le bruit.
Nous avons également expertisé des risques liés à des modes d’organisation de l’activité particuliers, comme le travail de nuit, et nous privilégions l’approche par métiers ou secteurs d’activité pour une meilleure prise en compte de la diversité des expositions, notamment quand l’évaluation des risques sanitaires s’avère complexe sur le plan scientifique et méthodologique. En 2019, nous avons ainsi expertisé les risques sanitaires encourus par les sapeurs-pompiers et rendu un premier travail sur les travailleurs de la filière du recyclage et de la gestion des déchets. « L’enjeu central, c’est de caractériser précisément les expositions réelles des professionnels. Pour agir, il faut une connaissance fine des risques sanitaires spécifiques à chaque activité ».