Enrichir la farine en acide folique : une solution contre les malformations du tube neural chez les nouveau-nés
Les anomalies de fermeture du tube neural (AFTN) sont des malformations congénitales qui peuvent avoir des conséquences très graves sur le développement du cerveau et de la moelle épinière du nouveau-né. Afin d’améliorer la prévention de ces anomalies, l’Anses préconise un enrichissement des farines de blé en acide folique, la forme synthétique de la vitamine B9, en plus de la supplémentation en vitamine B9 des femmes ayant un projet de grossesse. Cette mesure permettrait de compenser les apports insuffisants en vitamine B9 chez ces femmes, qui constituent l’un des principaux facteurs de risque d’AFTN chez l’enfant à naître. L’expertise inclut une première analyse des enjeux socio-économiques de différentes options d’action, et recommande une consultation des acteurs. L’objectif de santé publique doit être le renforcement de la prévention.
Des apports en vitamine B9 insuffisants chez les femmes en âge de procréer en France
Les anomalies de fermeture du tube neural (AFTN) concernent plus d’une grossesse sur mille en France. Plusieurs facteurs de risques peuvent être à l’origine de ces malformations : les antécédents familiaux d’AFTN, certains traitements notamment antiépileptiques, le diabète, l’obésité et un statut insuffisant en folates chez la mère. En effet, un apport de 600 microgrammes par jour de vitamine B9 est nécessaire au moins 4 semaines avant la conception et jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée. Or, cet apport est rarement atteint par la population.
D’après plusieurs études françaises et l’Enquête nationale périnatale 2021, moins d’un tiers des femmes déclarent avoir commencé une supplémentation en vitamine B9 avant la grossesse, tel que cela est pourtant recommandé. Cette proportion se dégrade avec les inégalités sociales : des études montrent que plus les mères sont jeunes et d’un niveau d’éducation bas, moins elles déclarent avoir commencé à prendre de la vitamine B9 avant leur grossesse.
L’enrichissement systématique des farines de blé en acide folique, un levier utile pour prévenir les AFTN.
Dans son expertise sur la prévention des AFTN, l’Anses conclut qu’un enrichissement systématique en acide folique à 200 µg/100 g des farines de blé, blanches et complètes, permettrait de réduire les risques d’AFTN en France. Dans les nombreux pays où cette mesure a déjà été mise en œuvre, une diminution des risques d’AFTN a été constatée.
« La farine de blé a été choisie comme l’aliment à enrichir pour deux raisons : il s’agit d’un ingrédient utilisé dans de nombreux produits couramment consommés (pains, biscuits, etc.) et ces produits sont économiquement accessibles pour l’ensemble des femmes ciblées. ». Vincent Bitane, coordinateur scientifique de l’expertise.
Cet enrichissement systématique en acide folique permet aussi d’augmenter les apports du reste de la population sans toutefois l’exposer à un risque sanitaire. Une résolution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) énoncée en 2023 incite les États à y recourir.
En France, l’enrichissement compléterait la recommandation de supplémentation en vitamine B9 dès le projet de grossesse. En ce sens, l’Anses préconise de sensibiliser davantage les professionnels de santé à la prévention des AFTN auprès des femmes en âge de procréer. Il est nécessaire d’informer ces femmes de l’importance d’une alimentation riche en légumes secs (ex. pois chiche, haricots rouges), légumes vert foncé (épinards, brocolis, laitue) et de recourir à une supplémentation en acide folique avant d’être enceinte puis pendant les trois premiers mois de la grossesse.
Des mesures de prévention en santé publique à prendre après une implication des acteurs
Enrichir systématiquement les farines de blé en acide folique et améliorer les pratiques liées à la supplémentation, peut soulever des questions socio-économiques. Sur la base d’une première analyse socioéconomique, l’expertise met en évidence les principaux enjeux des différentes options de prévention envisageables, parmi lesquelles l’enrichissement systématique d’ingrédients ou d’aliments courants. Pour documenter les implications de différentes options, l’Anses recommande de prévoir une consultation des acteurs concernés, comme cela a été le cas dans d’autres pays, au Royaume Uni par exemple.
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