Dioxyde de carbone (CO2) dans l’air intérieur
Concentrations et effets sur la santé
En appui à la mise à jour de la réglementation sur l’aération des locaux, l’Agence a fait le point sur les valeurs de concentration en CO2 dans l’air intérieur associées à des effets sur la santé, qu’il s’agisse des effets intrinsèques du CO2 ou bien d’effets induits par le confinement, dont le CO2 est un bon indicateur.
Le dioxyde de carbone (CO2), naturellement présent dans l’atmosphère, est une molécule produite par l’organisme humain au cours de la respiration. Sa concentration dans l’air intérieur des bâtiments est liée à l’occupation humaine et au renouvellement d’air, et est un indicateur du niveau de confinement de l’air.
C’est pourquoi la concentration en CO2 dans l’air intérieur est l'un des critères qui fondent la réglementation en matière d'aération des locaux. Les valeurs limites réglementaire ou normative actuelles varient usuellement entre 1000 et 1500 ppm. Elles s’appliquent aux bâtiments scolaires, bâtiments résidentiels et bureaux et n’ont pas de signification quant à la qualité sanitaire de l’air intérieur.
Le travail de l’Agence
En appui à la mise à jour par les pouvoirs publics de la réglementation sur l'aération des locaux, l'Agence a publié une expertise faisant le point sur les valeurs de concentration en CO2 dans l’air intérieur associées à des effets sur la santé.
Sur la base d’une analyse de la littérature scientifique et d’une analyse des concentrations de CO2 et d’autres polluants de l’air mesurées en France dans des logements, des écoles, des crèches et des bureaux, plusieurs conclusions et recommandations sont formulées par l’Anses.
- l'Agence rappelle que le CO2 peut être utilisé comme un indicateur du confinement de l’air, et recommande de s’appuyer sur la norme NF EN ISO 16000-26 pour la stratégie d’échantillonnage du CO2 dans les environnements intérieurs ;
- l'Agence recommande de ne pas élaborer de Valeur Guide de qualité d’air intérieur (VGAI) pour le CO2, que ce soit pour ses effets propres ou pour les effets du confinement sur la santé. Elle insiste sur le fait que la seule mesure du CO2 ne peut être considérée comme l’unique indicateur de qualité sanitaire de l’air intérieur au vu des résultats de ces travaux qui montrent que :
- les données épidémiologiques disponibles ne permettent pas de construire de valeur seuil du CO2 protégeant des effets du confinement sur la santé, sur la perception de confort ou sur les performances cognitives ;
- dans l’air de logements, d’écoles et de bureaux en France, la probabilité de dépassement de valeurs cibles sanitaires de divers polluants chimiques (VGAI du formaldéhyde, …) n’est pas nulle même à des concentrations de CO2 réduites.
Concernant les effets intrinsèques du CO2, une récente étude expérimentale chez l’Homme suggère un effet du CO2 sur la performance psychomotrice (prise de décision, résolution de problèmes) à partir de 1000 ppm. En l’absence de convergence avec d’autres études et de consensus sur le mode d’action associé, l’Agence recommande d’améliorer les connaissances sur ces effets suspectés.
Les données disponibles mettent en évidence des concentrations de CO2 mesurées dans l’air des salles de classes d’écoles plus élevées que dans d’autres environnements intérieurs étudiés (logements, bureaux, crèches), et dans certaines études, une association entre ces concentrations et des effets sur la santé des élèves (symptômes liés à l’asthme), les performances cognitives et la perception de confort.
L’Agence souligne donc l’importance de sensibiliser les services techniques des mairies, les responsables des établissements scolaires et les enseignants sur les mesures qui peuvent permettre de réduire efficacement les effets du confinement sur la santé, la performance et la perception de confort, telles que l’aération par l’ouverture des fenêtres et des portes. La stratégie d’aération doit tenir compte de certains paramètres dont les nuisances sonores, le transfert de la pollution extérieure, le confort thermique, etc.
Cette stratégie d’aération doit être complémentaire de la maitrise des sources de pollution, notamment le choix des produits de construction, de décoration, d’ameublement, des produits d’entretien, des fournitures scolaires, etc.
Enfin, l’Anses recommande d’évaluer la pertinence de réviser la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) du CO2, et notamment la pertinence d’élaborer une VLEP court terme.